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Artiste(s)
Catherine Ludeau
Lieu d’exposition

20 Rue des Gravilliers,
75003 Paris

Galerie Hors Champs, Paris
12 décembre 2019 au 25 février 2020
Vernissage le : 12 décembre 2019

Absorption

Peintures
Absorption
Bleue Vega 5, résine sur toile, 100 x 100 cm, 2019
Absortion
Bleue Vega 3, résine sur toile, 100 x 100 cm, 2019
Absorption
Bleue Vega 4, résine sur toile, 100 x 100 cm, 2019

« Absorption » est la deuxième exposition de Catherine Ludeau à la Galerie Hors-Champs. Comme à son habitude, la peinture de résine, d’une seule couleur, s’écoule sur la toile pour créer une forme abstraite et géométrique, mais cette fois-ci, dans la nouvelle série proposée, la forme est en elle-même composée de plusieurs formes.

Ainsi, alors que les précédentes toiles découlent d’un agencement dirigé de la matière qui, selon son poids contre le creux de la toile, amène à un dégradé des couleurs, il s’agit là de mêler plusieurs dégradés et de les faire communiquer dans un ensemble commun. Les variations du plus clair ou plus foncé se confrontent dans leur opposition et élaborent de nouveaux motifs que l’on pourrait rapprocher de l’héraldique.

L’héraldique pose la question du sens : l’utilité d’un blason est de définir une personne, une lignée, une collectivité, à travers un signe emblématique. Mais de qui, de quoi les formes de Catherine Ludeau sont-elles le signe ? On peut inventer des images en les contemplant, de la bouche à la planète en passant par la goutte et le rapport sexuel, mais elles ne veulent en dire plus. La couleur bleue, à nouveau majoritaire, évoque les aléas océaniques mais tout autant que les nuances d’une lumière astrale ou l’écho oxydé d’une pierre précieuse. Non, les figures peintes sont silencieuses, entêtées dans leur abstraction.

Elles auraient oublié leur identité, fixées dans un présent pur bercé par l’affirmation de leur présence et l’interrogation de leur enjeu. C’est alors que les peintures deviennent poème, espace éthéré d’impressions immersives engendrées par leur mutisme. Mais contrairement aux premières séries de Catherine Ludeau, la résine se peint, et donc sèche, en des plaques différentes, qui parfois créent de nouveaux contours : l’idée du mouvement se définit alors. Les formes s’absorbent comme elles absorbent notre vision, et en font un geste. Le titre lui-même est absorbé ; ce mouvement lui non plus n’a pas de signification revendiquée, il opère comme une pulsion de vie, l’expérience d’une énergie intérieure en action.

Le choix de la résine est le plus à même à pouvoir traiter de l’absorption : c’est une substance d’imprégnation, qui conserve en son corps des éléments extérieurs, bulles d’air et textures de passage. On pourrait parler de digestion, la résine étant un produit organique. Une digestion de notre regard ? De nos reflets sur sa peau, déformés en son sein stellaire comme la matière par un trou noir ? Nietzsche disait : « Quand tu regardes l’abîme, sache que l’abîme aussi regarde en toi ». Mais si l’on peut aisément décrire l’effet que notre contemplation de l’abîme nous inspire, comment savoir celui que nous lui faisons ? A cette question, c’est avec une profonde et méditative sérénité que les toiles de Catherine Ludeau nous répondent.

Hannibal Volkoff

 

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