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Artiste(s)

Catherine Ludeau

Lieu d’exposition

20 Rue des Gravilliers,
75003 Paris

Galerie Hors Champs, Paris
23 novembre 2018 au 24 février 2019
Vernissage le : 23 novembre 2018

De cette écorce que revêt le temps

Peintures résine
De cette écorce que revêt le temps
« Suspension 1 » Résine sur toile, 2018, 100 x 100 cm
De cette écorce que revêt le temps
« Suspension 3 » Résine sur toile, 2018, 100 x 100 cm
De cette écorce que revêt le temps
« Suspension 6 » Résine sur toile, 2018, 100 x 100 cm

La Galerie Hors-Champs est heureuse de vous inviter à sa première exposition monographique des peintures de Catherine Ludeau, « De cette écorce que revêt le temps », poème contemplatif fait d’interrogations métaphysiques et d’impressions immersives.

Sur une toile blanche, la peinture de résine se déverse en partant du centre et peu à peu conquiert son territoire jusqu’à, une fois sèche et dure, devenir une forme presque sphérique, d’un bleu aquatique ou céleste. Sa matière possède la brillance, la douceur lisse et vernis de la résine, mais reste composée d’une discrète constellation de textures internes, poreuses, bulles prisonnières comme une faune recluse sous la surface.

Cette peinture fait poids sur la toile : après la vague élancée contre l’espace vierge, dessinant les contours de son apparition, elle retourne sur elle-même en un doux ressac, une marée descendante qui concentre la couleur en son centre et l’assombrie. Le dégradé de la couleur donne au tableau une étonnante impression de profondeur, alors qu’il est en relief. La tentation de s’y plonger, de se glisser en lui, est d’autant plus engageante que les formes sont à taille humaine, devenant en quelque sorte des tunnels, ou des fenêtres ouvertes comme un œil interrogateur.

Leur aboutissement aurait été le cercle, perfection géométrique, mais non, elles ne veulent s’y résoudre. Face à lui, les formes rebroussent chemin, aspirées de l’intérieur ; elles préfèrent la riche variation de l’accident et affirment leur incomplétude, et par là leur dimension organique. En effet, c’est bien le vivant qu’explore ici Catherine Ludeau, d’où le choix de la résine, sécrétion végétale suintée de sous l’écorce des arbres pour les protéger de leurs traumatismes.

Pourtant, la principale émotion découlant des œuvres de Catherine Ludeau renvoie à quelque chose d’immuable, comme un monde qui se suffit à lui-même. Vivant, certes, mais arrêté, recueilli en son sein. La résine est aussi un conservateur, et ce qu’elle fossilise en ces tableaux, justement appelés « suspension », « fusion » ou « empirisme », touche à une intuition spirituelle qui les rapproche de la peinture zen. Ils sont une utopie dans laquelle le temps semble se reposer en une imperturbable sérénité pour nous permettre d’y cristalliser ce que l’on veut garder en soi.

Le temps, ce traumatisme, y serait alors pansé par la substance protectrice, interrompu dans cette peinture qui fait de sa suspension un habitât, silencieux et contemplatif.

Hannibal Volkoff

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