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Artiste(s)

Silvère Jarrosson

Lieu d’exposition

20 Rue des Gravilliers,
75003 Paris

Galerie Hors Champs, Paris
19 mars 2016 au 03 juin 2016
Vernissage le : 19 mars 2016

In Utero

Peintures
In Utero
Triptyque : In Utero 6, 7, 8, acrylique, peinture bâtiment et encre de Chine sur toile, 90 x 90 cm chacune, 2016

Pour sa première exposition monographique, « In Utero », Silvère Jarrosson prolonge l’édification de son univers pictural comme une cartographie psychique, et en atteste la singularité dans ses voyages visuels, entre l’exploration géologique et la vision microscopique.

Si la carte est bien tracée, le territoire, lui, est encore indéfini, et compte bien le rester. C’est que ce territoire se plaît à se dérober, comme la peinture se dérobe du pinceau suspendu de Jarrosson, à se mouvoir dans un panel d’évocations unissant les opposés (l’infiniment grand et l’infiniment petit mais aussi le charnel et l’inerte) pour les diriger vers autre chose.

En effet, Jarrosson travaille en dripping afin de mieux se laisser guider par la matière -n’est-ce pas de cela dont il s’agit toujours en peinture : l’apprivoisement commun de deux forces… L’inspiration de l’artiste est dans la matière elle-même, dans son potentiel que l’on pourrait presque croire autonome -comme un corps de ballet ? La peinture prend vie, les sillons se dessinent, se conquièrent dans le grand projet d’ensemble, qui serait la toile, mais au sein de ce projet, chaque mouvement se constitue d’une multitude d’autres mouvements, fragmentés, s’attelant à leur propre vie de traces fractales.

In Utero
Cryptique 14, acrylique sur toile, 130 x 100 cm, 2015
In Utero
Cryptique 19, acrylique et pigments sur toile, 116 x 81 cm, 2015

Après l’invasion de la toile, Jarrosson orchestre son magma psychédélique au couteau, en compose l’harmonie et les modulations avec un sens du détail particulièrement raffiné. Chaque geste contient un univers en soi, et de leur assemblage une naissance s’opère.

De quelle naissance s’agit-il ? Celles des formes, échappées du chaos. Le sujet de l’exposition n’est pas le motif reconnaissable, défini par sa fonction, que ces formes vont adopter, non, le sujet est leur engendrement. La nuit utérine, la gestation qui n’est pas encore langage, est la quête centrale de la peinture abstraite.

En biologie, le terme in utero qualifie des phénomènes physiologiques susceptibles d’impacter le développement de l’embryon. Si la peinture suit son propre cours, si chaque forme suit sa propre migration, alors l’enfant sera mutant. Très souvent, les compositions de Jarrosson jouent de fractures, d’anomalies soudaines qui rompent l’intention d’un mouvement principal. La faune cellulaire se refuse à l’identifiable et revendique l’anomalie : c’est peut être pour cela qu’il règne sur chaque toile une atmosphère désolée, murmurant le sommeil d’une galaxie morcelée ou d’un monde désertique, comme le requiem de la figure qui n’apparaîtra pas…

Dans le film de Kubrick, 2001 l’Odyssée de l’Espace, le voyage aux confins de l’univers équivaut à une renaissance, où le devenir-fœtal est un devenir-astre. Le retour aux sources est le propre de toute odyssée. Celle de Silvère Jarrosson est de faire de cette aspiration un paysage, une peau pour vêtir le chaos dont le seul devenir serait celui de la latence.

Hannibal  Volkoff

In Utero
In Utero 3, acrylique sur toile, 130 x 97 cm, 2016
In Utero
In Utero 4, acrylique sur toile, 61 x 50 cm, 2016

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