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Artiste(s)

Joëlle Bondil
Vincent Gild
Robinson Hass
Emmanuelle Tonin

Lieu d’exposition

20 Rue des Gravilliers,
75003 Paris

Galerie Hors Champs, Paris
15 janvier 2022 au 26 février 2022
Vernissage le : 15 janvier 2022

Abstraction

Abstraction
Robinson Haas, " 151021, 181021, 021021 ", stylo bille sur papier, 65 x 50 cm chaque, 2021

La Galerie Hors-Champs est heureuse de vous souhaiter une heureuse année 2022.
Nous espérons que vous avez su tirer le plus positif de cette précédente année pour en construire une nouvelle des plus chaleureuses.
Et par-delà les épreuves, puissent les jours vibrer par leur renouvellement, leur curiosité, leur joyeuse exaltation.
Vous verrez, 2022 ne sera pas si mal.

Abstraction
Joëlle Bondil, " Mes monts analogues 3, encre à la plume, 21 x 28,5 cm, 2019-2020

Parce que ça redonne de la vie à ces semaines un peu malades.

Il s’agit d’une exposition dont je n’ai pas réussi à écrire le dossier de presse. Je crois que c’est à cause du mélange entre le deuil et le covid, il m’a semblé que les mots faisaient absence, ou qu’ils sonnaient faux, vacillants, comme si je voulais dire autre chose. Mon texte sur l’exposition « Abstraction » devenait abstrait.

Je l’avais commencé en parlant des sons, je me disais que c’était une bonne manière de traiter de peinture, par le son qu’elle produit. Le passage entre la mécanique industrielle et le voyage contenant en son sein ce qui semble être une échappée au trajet même, dans les coups de stylo bille de Robin Haas. Le découpage chez Emmanuelle Tonin, ce son attentif, en alerte, presque charnel.

Vincent Gild et Joëlle Bondil me disaient qu’ils étaient attentifs au silence : je me suis alors plongé dans les textes de Derrida sur le retrait de la parole, sur le bruit de ce qui n’est pas dit. Parler d’abstrait consiste à parler du retrait de la voix -de cette voix là. C’est à ce moment là qu’on se plonge dans l’histoire de l’art abstrait, né du rejet des siècles aristocratiques, du rejet de l’art académique, du rejet de la 1ère guerre mondiale. Je détaillais alors le deuil d’un visage, collectif ou réel, comme pulsion morbide, obsessionnelle, à laquelle il faut retourner encore et encore, par la technique, mais aussi de geste de dépassement (Deleuze, répétition et dépassement, ce genre de truc).

C’est à ce moment là que j’ai voulu parler du Fort-Da, le jeu de la bobine, où l’enfant symbolise l’absence de la mère par le geste répété de l’éjection et de la récupération d’un objet qui devient matière à l’élaboration du langage (« Fort – Da » : là-bas, là). Parler de l’abstraction comme disparition et retour de l’objet perdu. Parler de l’objet a.

Et puis au final, interroger l’espace symbolique, toujours présent. Parler de codes, de sismographie, de sinusoïde, de la retranscription du désir de l’autre, peut être. Parler du son d’à côté le langage, quand la voix ne s’est pas envolée. Et parler des monts analogues, que l’on retrouve dans plusieurs pièces, se dire que l’art abstrait érige des monts analogues, pour un deuil que l’on ne peut gravir.

Je pense que ce dossier de presse était mon mont analogue à moi, je culpabilisais de ne pas avoir réussi à l’écrire, j’imagine que ça arrive à d’autres commissaires d’expo, à d’autres galeristes, alors j’ai décidé d’en faire un statut fb.

Hannibal Volkoff

Abstraction
Emmanuelle Tonin, " Géode d'améthyste ", découpes manuelles de papier, 50 x 50 cm, 2019
Abstraction
Vincent Gild, satin plissé, résine, huile, sur socle en bois, 120 x 103 x 10 cm, 2021

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